L'immobilier bâti pour résister !

24 Mar 2020


Comment les notaires voient-ils les deux prochains mois ? Alors que l’immobilier affichait une santé de fer, la crise du Coronavirus vient affecter un secteur jusque-là épargné des « aléas de santé ». Peu sujet aux baisses de forme, il a toujours montré du ressort, même pendant la crise des « Subprime » de 2008, pour bien rebondir.
Malgré la dure épreuve actuelle, il devrait s’appuyer sur sa solidité patrimoniale et sa valeur d’usage pour affronter la crise, comme en témoignent les correspondants à cette Tendance du marché.
Immonot.com publie tous les deux mois la tendance du marché immobilier. Cette dernière est issue d’une enquête nationale réalisée début mars 2020 auprès d’études notariales réparties sur toute la France, décryptée par le Professeur Bernard Thion pour Immonot.com.
Tendance concernant l’activité

On aurait pu croire qu’en ce début d’année, après les gilets jaunes, les grèves à répétition et l’arrivée du Coronavirus, acheteurs et vendeurs auraient prudemment déserté les services de négociation et les études notariales. Or il n’en a rien été. Ainsi, à Villers-aux-Bois de la Région de Vertus, commune proche du champenois, ou à Cravant près d’Orléans, Patrick PITEL parle d’une « très belle reprise sur l’ancien » et Valérie MALON « d’une forte activité depuis deux mois ». Comme si les gens se dépêchaient de faire des affaires avant l’arrivée d’un cataclysme. Un tiers de nos correspondants ont ainsi constaté une amélioration de leur activité contre un quart sa détérioration. Pour les deux mois à venir, leurs prévisions se répartissent ainsi : 18 % en baisse, 46 % égale et 36 % en augmentation.
 
Irruption du Coronavirus
Mais ces prévisions optimistes ont été faites avant le 12 mars, jour où la Bourse de Paris a connu la chute la plus spectaculaire de son histoire, et le Président de la République dans une allocution suivie par 25 millions de téléspectateurs, a présenté un plan de bataille contre « la plus grande crise sanitaire qu’ait connu la France depuis un siècle », le Coronavirus se diffusant très rapidement sur l’ensemble des pays européens. Notre pays serait ainsi touché au cœur de son économie, dans les jours qui viennent, par une succession d’arrêts sur ses activités principales. Mais pour quelle durée et pour combien de temps ? Une partie de la réponse à cette question vitale se trouve dans l’analyse de ce qui se passe en Asie. Or, la société QuantCube, start-up partenaire du CNES et de l’Agence Spatiale Européenne, excelle à scruter l’économie des pays dans leurs moindres détails. Elle a notamment suivi l’évolution de l’immobilier en Chine depuis l’apparition du virus. Grâce à l’analyse d’images satellites en 3D qui permettent le calcul journalier de la hauteur des bâtiments, elle a pu notamment estimer la vitalité du secteur de la construction. En outre, elle compile chaque jour des millions de données sur internet (Tweet, images, prix…) et, à partir d’algorithmes sophistiqués, obtient des indications précieuses sur les transactions, l’emploi ou les humeurs des Chinois confinés chez eux. Il en résulte que partant du point zéro du Nouvel An chinois (le 25 janvier) suivi pendant une dizaine de jours par l’effondrement des ventes de logements neufs dans trente grandes villes chinoises, on obtient 40 jours après un niveau d’activité d’environ la moitié de ce qu’il était préalablement. En France, la propagation du virus se fait au même rythme qu’en Italie avec un décalage de 9 jours. Comme notre voisin est proche de son point zéro, celui où l’activité économique est pratiquement à l’arrêt, en suivant l’analyse de cette start-up, il nous faudra probablement attendre le mois de mai pour que le marché immobilier reprenne quelque vigueur.
Tendance concernant les prix

Depuis le début de l’année, les prix ont évolué à la hausse pour 20 % de nos correspondants et à la baisse pour 8 % d’entre eux, soit globalement une légère amélioration par rapport à leur précédente estimation. En revanche, malgré des conditions de crédit toujours excellentes, ils sont un peu moins optimistes pour les deux prochains mois. La proportion des négociateurs prévoyant une hausse des prix tombe ainsi à 10 % tandis que ceux prévoyant une baisse remonte à 12 %, une grande majorité d’entre eux penchant pour la stabilité.
Il en résulte un solde d’opinions légèrement négatif à – 2 %. Cette nouvelle tendance va donc un peu à l’encontre de l’euphorie rencontrée dans bien des publications où l’on prône « un printemps de l’immobilier exceptionnel » ou « Des prix de l’immobilier de plus en plus fous ».
Le conseil des notaires

En dépit d’un marché immobilier jugé florissant par nombre de professionnels, les conseils à moyen terme demeurent majoritairement prudents et orientés vers la vente d’un logement avant le rachat d’un autre alors que l’augmentation des prix devrait conduire au choix inverse. Mais difficile de se prononcer sur l’évolution du marché dans six mois, si ce n’est pour les secteurs où les prix déjà élevés s’adressent à des personnes fortunées pour lesquelles leur évolution peut apparaître secondaire par rapport à la possession. Au niveau des terrains, les avis demeurent toujours très partagés, l’acquisition d’un terrain à bâtir engageant pour un avenir plus long et d’autant plus incertain.